CHAPITRE 15
- Prélude éphémère -
Hitomi
ouvrit lentement les yeux. Elle était seule, dans un espace noir.
-
Encore une vision ?… qu'est-ce que… qu'est-ce que
c'est là bas ?
Un point
lumineux brillait au loin, un point qui faiblissait de plus en plus. Hitomi,
attirée, courut aussi vite qu'elle put. Le point grandissait au fur et à mesure
qu'elle s'en rapprochait. Quand elle ne fut plus qu'à une dizaine de mètres,
elle vit ce qu'était ce point.
-
Van ! Non Van… que t'arrive-t-il ? Tes ailes ! Tes
ailes Van ! Elles ne brillent plus !
Mais
Van n'écoutait pas, il mit sa main gauche sur son cœur et s'effondra en prononçant
le nom d'Hitomi.
-
Vaaaaaannnnnn !!!!!!!!
Elle
courut jusqu'à lui et s'agenouilla près de son corps.
-
Pourquoi toi ? Ce n'est pas toi qui doit mourir !
C'est moi !
-
Attend Hitomi… regarde mieux…
-
Varie… regarder quoi ?
-
Regarde devant toi…
Elle
fit ce que la voix de Varie lui demandait. Devant elle apparut son reflet. Elle
s'observait comme dans un miroir, seulement, l'Hitomi qu'elle voyait était différente.
Elle avait ce regard triste et vide qu'ont ces gens exténués de vivre trop d'événements
violents.
-
Regarde…
Le reflet
posa ses mains sur le corps de Van et ferma les yeux. Une puissante lumière
rose jaillit de ses mains éblouissant Hitomi. Lorsqu'elle rouvrit les yeux,
son reflet et Van étaient allongés côte à côte. Van ouvrit les yeux et tourna
la tête vers l'autre Hitomi qui restait inerte sur le sol. Il se releva brusquement
et la secoua.
-
Non ! Hitomi ! Tu n'avais pas le droit ! Tu n'avait
pas le droit de donner ta vie pour moi ! , il laissa tomber son visage rempli
de larmes sur le corps, Hitomi…
De nouveau
un espace noir, Hitomi était désormais face à Varie.
-
Alors c'est comme ça ? C'est comme ça que je vais
mourir ?
-
C'est comme ça que tu devrais mourir.
-
Si c'est pour sauver Van alors tant mieux, je ne
mourrai pas pour rien…
-
Non ! Ne pense pas ça, au contraire, mourir de cette
façon ne fera que tuer Van. Pas physiquement bien sûr, mais mentalement. Sans
Van tu n'es rien et sans toi Van n'est rien !
-
Mais alors… que doit-on faire ?
-
Il faut trouver la clé et utiliser le pouvoir de
vos deux peuples.
-
Mais j'ai trouvé la clé !
-
Non… je ne pense pas… ce n'était qu'un hasard… une
simple pensée vagabonde qui t'a permis de matérialiser tes rêves en énergie…
seulement, si tu devais le refaire… je doute fort que tu y arriverais…
-
… alors dites moi, dites moi qu'elle est la clé ?
- Je ne peux pas te le dire, tu le sais très bien que je ne peux pas, il faut que tu la trouves avec Van… sinon vous mourrez… différemment mais vous mourrez…
- Mmmmh…
Hitomi bougea légèrement la tête sur le côté, elle était allongée sur une surface plane et dure.
- Ca y est ? Tu es réveillée ?
- … Van ?… oui… je crois… j'espère…
Elle se releva sur ses coudes. Ils étaient de nouveau dans le Croisé et elle était sur un banc, près de Van.
- Tu t'es évanouie tout à l'heure…
- Ah…
- … Qu'est-ce que tu as ? Ca ne va pas ?
- Si si…
- … Nous allons arriver à Fanélia dans quelques minutes.
Hitomi garda le silence un moment puis déclara d'un ton qui semblait joyeux et avec un petit sourire :
- … Montons sur le pont alors, j'aime beaucoup ton royaume, il est magnifique… On voit que tu le gouverne bien !
- … J'espère ne plus le diriger tout seul encore longtemps…
- Mmmh ? Tu disais quelque chose ? Désolée mais j'ai eu le vertige en me relevant et je n'ai pas entendu
- N… Non, rien…
Ils se dirigèrent vers le pont principal du vaisseau. D'ici on avait une vue imprenable sur le royaume de Van. Hitomi s'était plaquée contre une vitre et regardait avec ravissement l'extérieur. La dernière fois qu'elle était arrivée à Fanélia par la voie des airs elle n'avait vu que ruines et désolation, aujourd'hui, la cité regorgeait de vie et de joie. Van, quant à lui, était resté en arrière et Merle l'avait rejoint.
- … Maître Van… tu as l'air triste…
- …
- Dis… tu lui en as parlé ?
- Mh ? Parler de quoi Merle ?
Elle le regarda d'un air sévère.
- A ton avis !
- … non
- Et qu'est-ce que tu attends ?!
- … Ce n'est pas si simple Merle… Je crois que j'attend le bon moment…
- …
Quelques minutes plus tard, le Croisé avait atterri près du château. Van et Allen avaient rangés leur guymelefs dans le hangar à guymelef puis étaient allés réunir le conseil pour prendre une décision quant à la suite des évènements.
Hitomi, Merle et Séréna étaient allées directement dans le jardin du palais et discutaient calmement. Pourtant, Merle regardait fixement Hitomi comme pour lui dire quelque chose ce qui échappait d'ailleurs complètement à cette dernière.
- Raaaahh ! Vous êtes pathétiques tous les deux ! finit-elle par s'exclamer avant de partir en courant à quatre pattes.
- Qu'est-ce qui lui prend ? s'étonna Séréna.
- Alors là… répondit Hitomi en haussant les épaules.
Hitomi avait retrouvé sa chambre avant d'aller dîner. A sa grande surprise, une robe était déposée sur son lit. Une robe en soie d'un bleu très sombre et profond, une robe qui ressemblait beaucoup à celle de Varie, sûrement typique de Fanélia, elle était magnifique. Hitomi la regardait à la fois surprise et troublée, sans vouloir la toucher, comme pour ne pas la froisser. Puis elle sourit légèrement.
- Van…
Le soir, dans la grande salle à manger du château, Van, Allen, Merle et Séréna étaient tranquillement assis et discutaient en attendant Hitomi. Celle-ci ne tarda pas à arriver, essoufflée.
- Désolé ! Je me suis un peu perdue en venant !
- …
- ? Quoi ?
Tous les regards étaient tournés vers elle. Elle se retourna plusieurs fois mais il n'y avait personne derrière elle. Elle allait finir par demander ce qu'il y avait mais ce fut Merle qui rompit le silence en première.
- J'aime pas faire de compliments mais… wouah…
En effet, Hitomi portait la robe qu'elle avait trouvée sur son lit ce qui la changeait considérablement et de plus faisait ressortir la couleur de ses yeux…
- Tu es magnifique, finit par dire Allen
- Cette robe te va très bien, ajouta Séréna.
Van lui ne dit pas un mot, il ne pouvait pas, il était subjugué. Hitomi qui commençait à se sentir gênée, surtout à cause de la remarque très inhabituelle de Merle et le silence de Van, répondit avec un grand sourire et en rougissant.
- Merci !
Elle fit le tour de la table et vint s'asseoir près de Van. En lui effleurant la main et lui murmura
- Merci beaucoup Van.
Ce murmure n'échappa pas ni à Allen ni à Merle qui regardèrent Van étonnés. Celui-ci commençait d'ailleurs à rougir légèrement lui aussi.
Le dîner se passa calmement. Van et Allen ne parlèrent pas des décisions du Conseil ou d'un quelconque rapport avec la guerre prochaine voulant faire redescendre la tension accumulée pendant ces derniers jours.
A la fin du repas, Merle disparut discrètement par une fenêtre ouverte, Allen raccompagna sa sœur à sa chambre, et Van, Hitomi à la sienne. Devant la porte elle se retourna vers lui.
- Van…
- Mhhh ?
- Merci beaucoup, je l'aime énormément.
Puis elle rentra et referma la porte derrière elle. Van partit bientôt en direction de sa chambre, il y trouva Merle.
- C'est astucieux mais… je n'pense pas qu'elle connaisse les coutumes de Fanélia.
- Qu'est-ce que tu veux dire Merle ?
- Oh ne fais pas l'innocent, tu sais autant que moi que lorsqu'un homme offre une robe à une femme c'est un signe d'engagement ici, à Fanélia.
- …
- Si elle ne connaît pas cette coutume lui offrir une, deux ou dix robes ne changera rien Maître Van !
- … je voulais simplement lui offrir quelque chose pour la remercier.
- Mouais… c'est bien ce que je disais… pathétiques, dit-elle en s'en allant par la fenêtre restée ouverte.
Les jours suivant, Van, Hitomi, Merle, Allen et Séréna restèrent la plupart du temps ensemble dans les jardins de Fanélia. Ils riaient et passaient de bons moments. Hitomi avait fini par laisser son uniforme de côté, elle se disait qu'après tout mieux valait-il profiter de la vie avant qu'il ne soit trop tard. Même si Van avait de nombreuses obligations, il avait chargé le Conseil de s'occuper du royaume et de ne le déranger que pour les affaires vraiment importantes.
Justement, une semaine plus tard, le Conseil se réunit de nouveau. La réunion dura plusieurs heures. Hitomi , inquiète, était accoudée à une fenêtre près de la porte de la salle des réunions ; elle attendait le verdict.
Un peu plus tard la porte s'ouvrit et, les uns après les autres, les conseillers puis Allen sortirent. Elle s'était retournée vers lui et l'interrogeait du regard. Il répondit d'une simple inclinaison de la tête vers la salle puis repartit. Hitomi se rapprocha lentement de la porte restée entrouverte. Elle finit par entrer et aperçut Van adossé à un mur près d'une fenêtre. Quand il vit Hitomi, son visage s'éclaira, puis redevint sombre. Elle se rapprocha de lui et demanda d'une voix inquiète et impatiente.
- Alors ?
Van la regarda d'un air mélancolique et lui répondit finalement d'une voix légèrement cassée.
- Nous partons après-demain sur le champ de bataille.
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