D'une terre aride et stérile s'est élevé en quelques décennies un nouveau pays. La fierté et l'espoir ont permis à ce peuple de croître en puissance et en gloire. Les idées novatrices et les connaissances d'un homme ont propulsé cette nation naissante dans les grandes puissances de Gaïa. Ce peuple, c'est l'Empire Zaibaker, et son nouvel homme fort, l'Empereur Dornkirk.
CHAPITRE III
- L'attaque sournoise -
La forteresse volante approcha d'un trou béant dans le sol, où flottaient des roches, du même type que celles qui formaient la forteresse. Elle s'y engouffra d'un mouvement lent, cognant quelques roches flottantes au passage. Escaflowne avait été installé dans la salle des machines, et Van était resté inconscient dans son guymelef. Dilandau était rentré dans sa chambre, et se nettoyait le visage avec un peu d'eau, fatigué par cette course poursuite. Un membre d'équipage, envoyé par Folken, l'informa qu'un de ses hommes avait été blessé. Le commandant ne se retourna même pas pour remercier le messager, et se contenta de se mordre le gant, refoulant une colère inutile. Le messager partit, et Dilandau, après s'être encore rafraîchi, lui emboîta le pas quelques minutes plus tard. Il alla à l'infirmerie, et ouvrit la porte en silence, et vit Gatty allongé sur le lit. Il était fiévreux, et parcouru de légers et réguliers spasmes. Le commandant s'assit à côté de lui, le regardant se démener contre ses démons intérieurs. Tandis qu'il dormait, Dilandau lui plaça une main amicale dans ses cheveux, ce qui fit ouvrir un oeil au malade. Le commandant Albatou se leva, et laissa apparaître un regard attristé et déçu. Gatty, par on ne sait quelle folie, se leva d'un bond, tituba devant lui, et s'agenouilla devant son supérieur. Il s'abaissa, secoué de spasmes encore plus violents, et se prosterna, implorant Dilandau de le pardonner encore une fois. Celui-ci le releva, et le recoucha de force, en disant : " Ce n'est rien cette fois. Tu t'es battu contre Allen Schézar, un chevalier céleste. Tu n'étais pas prêt ; désormais, repose-toi. " Et il partit, laissant Gatty refermer les yeux pour s'évanouir sous les assauts de la fièvre. La porte s'ouvrit, laissant apparaître l'infirmier, qui céda son passage à Dilandau, et retourna s'occuper du malade.
Dilandau revint devant un sous-officier de la forteresse, et lui ordonna de nommer deux des chevaliers du dragon à la recherche des rescapés astriens. Sur ce, il se détourna, et rejoignit Folken, qui s'avançait de son air impassible vers la salle des machines. Il en profita pour demander à son supérieur la raison de continuer à se terrer, puisqu'il n'y avait plus de menaces. Folken lui fit une de ces phrases que Dilandau détestait, en lui expliquant qu'il ne fallait pas crier victoire trop vite. Ils longeaient la coursive aux guymelefs, laissant voir le manque de deux machines. Le commandant fut satisfait que ses ordres eurent été appliqués, et continua la conversation,. Soudain, devant eux posait Escaflowne, assis majestueusement sur son socle d'acier, qui reluisait sous les lumières des lampes du hangar. Dilandau conseilla de détruire Escaflowne, car il jetait le trouble sur leur avenir idéal. Folken refusa, laissant le commandant sur l'offensive, ne comprenant pas sa réaction. Il fallait anéantir tous ceux qui se dresseraient contre notre volonté. Le général expliqua que ce n'était pas dans ses intentions, mais que si cet Escaflowne menaçait notre futur, il fallait l'analyser et comprendre pourquoi. Ensemble, ils montèrent les marches qui menaient vers l'habitacle d'Escaflowne, puis Folken leva son bras gauche, et l'approcha de la dragenergiste. Il la posa, et une lumière rose intense jaillit de la dragenergiste, et des bruits indistincts de machineries à l'intérieur du guymelef se firent percevoir. L'habitacle s'ouvrit, éjectant le pilote inconscient d'Escaflowne, devant Dilandau stupéfait. Le pilote roula à terre en gémissant ; il portait une simple chemise rouge sur un pantalon gris sale. La stupéfaction de Dilandau se transforma en étonnement lorsqu'il vit le visage du pilote : c'était le garçon qui l'avait insulté dans le fort astrien. Folken se contenta d'annoncer au commandant hébété qu'il s'agissait du nouveau roi de Fanélia.
Deux soldats apparurent, et d'un signe de la main de Folken, ils emportèrent Van, encore inconscient, vers une cellule proche du hangar aux guymelefs. Dilandau alla rejoindre la coursive de commandement, tandis que Folken alla rejoindre Van dans sa cellule. Il y parvint en quelques minutes, laissant les gardes qui l'avaient emmené sortir, et entra dans la pièce. Il vit le roi allongé sur le lit, amorphe, endormi. Une lampe à flamme bleue promenait des ombres inquiétantes sur les murs, et le général, en patientant, siffla une mélodie fanélienne, une mélodie qu'on lui avait apprise, alors qu'il était jeune, héritier de trône de Fanélia... Alors qu'il attendait, il sentit un mouvement derrière lui, son frère Van se réveillait. Encore ensommeillé, il lui demanda son nom, apeuré et inquiet à la fois. Folken se leva et se retourna, faisant face de toute sa taille face à son frère., mais tout en se taisant. Soudain, Van bondit vers la table où se trouvait encore son sabre, et la pointa d'un air menaçant vers Folken, ordonnant qu'on le reconduise à son guymelef. Le général ricana, demandant à Van s'il croyait que les guerriers de zaibaker étaient si stupides. Van, voyant qu'il n'avait plus de chance, mit son épée sur sa gorge, et lança d'un air décidé qu'il ne serait jamais un instrument entre leurs mains. Mais Folken était meilleur, et en moins d'un quart de seconde, il tira son épée du fourreau, et en un geste rapide et précis, ôta l'épée de Van qui alla glisser plus loin dans la pièce. Devant Van dépité, Folken ôta sa cape et son uniforme, laissant apparaître de terribles tendons mécaniques qui reliaient son torse à son bras artificiel. Mais la plus grande surprise fut lorsque deux grandes ailes blanches se révélèrent à Van, laissant de multiples plumes blanches voler d'un air planant dans la pièce. Van tomba les épaules, et reconnut en Folken son frère disparu depuis plusieurs années...
Il reboutonna sa cape, et laissa Van s'exprimer. Il le croyait mort, en ayant combattu le dragon jusqu'à son dernier souffle. L'incompréhension s'empara de lui, lorsqu'il dit qu'il le retrouvait désormais dans les rangs de Zaibaker. Folken tournait le dos à son frère, gardant la tête basse face au mur. Van commença à colérer contre lui, demandant comme il avait pu faire cela, et brûler Fanélia. Folken se contentait de sourire, devant son frère qui ne comprenait pas l'avenir idéal qu'il lui préparait. Cette fois, Van devint encore plus coléreux, demandant l'explication de ce sourire mystérieux ou sadique. D'un geste sec, il lui prit l'épaule et le retourna pour voir son visage. Mais Folken lui mit sa main artificielle sur l'épaule, et rapprocha sa joue contre celle de son frère. Le toucher de ce bras mécanique paralysa Van, et le général en profita pour lui glisser à l'oreille : " Van, viens avec moi rencontrer le Seigneur Dornkirk, tu verras l'avenir que nous construisons. Une nouvelle ère Van, toi et moi de nouveau réunis." Il ne laissa pas le temps à son frère de répondre, car il savait qu'il allait refuser de comprendre l'avenir idéal. Il sortit de son doigt mécanique une petite seringue, qu'il enfonça dans le coup de Van. Celui-ci s'effondra par terre, endormi par la solution contenue dans le doigt de Folken.
Pendant ce temps, Dilandau était redescendu dans le hangar où reposait Escaflowne, car il était toujours intrigué par ce guymelef qui constituait une menace, et essayer de trouver ce que Folken pouvait lui trouver. Dilandau considérait Escaflowne comme une antiquité, et ne comprenait pas la réaction de son général. Il voulut voir de plus près l'habitacle, et avança sa main vers la dragenergiste comme l'avait fait Folken. On voyait l'énergiste brillait et bouillir, d'un ton plus rouge que la fois passée. Il la posa, et une intense lumière emplit la salle, et un vent étonnant sortit de la dragenergiste. Dilandau ne pouvait plus retirer sa main, il lui semblait que son gant restait agrippé à l'énergiste. Toute la forteresse fut ébranlée par cette réaction inattendue, et Folken vacilla sur le pont de commandement. Soudain, sans que l'on s'y attende, un officier de bord lança : " On nous attaque ." Folken pensait bien que l'explosion interne venait d'Escaflowne, mais il ne comprenait pas l'attaque. Hakio, le timonier informa qu'il s'agissait du Croisé, le vaisseau fuyard astrien. Folken donna immédiatement l'alerte, et des cris lui parvinrent des étages inférieurs.
Plus bas, les hommes du vaisseau attaquaient les soldats de la forteresse, encore sous l'effet de surprise. Dans tout le hangar, tout n'était que ruines, de la fumée embrasait tout. Les astriens avaient donc l'avantage de la surprise, et les soldats de la forteresse tombaient comme des mouches, empêtrés dans leurs lourdes cuirasses, utiles sur les champs de bataille, mais non dans les endroits clos. Dans les étages supérieurs, Chester, Daletto et Gatty, guéri, ne surent rien faire, car ils devaient en référer à Dilandau qui était introuvable. Tous trois se mirent immédiatement à sa recherche, affolés à l'idée de ne rien pouvoir faire.
Gatty, comble du destin, vit l'Astrien Allen qui l'avait poussé dans la rivière. Dans un élan de fierté, il le poursuivit, mais Allen lui ôta l'épée en un coup, et le prit en otage. Il lui promit de ne rien lui faire, à condition de lui montrer la cellule du prisonnier qu'ils avaient fait. C'est ce qu'il fit, mais Allen l'assomma bravement d'un cou sur la nuque. Gatty s'effondra, laissant son vainqueur emmener le captif.
Durant ces péripéties, Dilandau s'était assis près d'Escaflowne, sonné par la réaction du guymelef. Il jeta un regard circulaire, et vit des fumées brunes parcourant le hangar. Plus loin, derrière les fumées, Folken avait accouru vers la salle pour voir les assaillants et ce qui s'était passé avec Escaflowne. Il avait pris avec lui l'épée royale de Fanélia, se doutant qu'il trouverait son frère par là-bas, car le but de l'attaque était évidemment de le délivrer. Il aperçut son frère courir vers Escaflowne, et l'interpella par son nom. Van se retourna, et leva la tête vers le balcon où se tenait Folken. Celui-ci jeta l'épée que rattrapa Van, et se retourna vers sa salle de commande, préférant laisser enfuir son frère en espérant qu'il comprendrait l'avenir qu'il prépare et qu'il le rejoigne plus tard.
Dilandau aperçut Van au loin, et se rapprocha de lui, l'idée meurtrière en tête. Il traversa les fumées, sortit son sabre, et s'élança sur sa victime. Mais l'avertissement d'une fille dans un coin permit à Van de parer le coup avec le fourreau de son épée qu'il n'avait pas encore sorti. Il s'agissait de la fille qu'il avait questionné au fort astrien. Qu'importe, Dilandau s'énerva, se maudissant de ne pas avoir tuer Van la première fois qu'il l'avait vu. Il sortit son épée, et para les nombreux coups de Dilandau, qui haïssait le roi de Fanélia. Alors que Dilandau continuait à frapper tout en parlant, Van fut plus rapide et lança un coup au hasard dans la direction de Dilandau. Une mèche de cheveux tomba, et quelques gouttes de sang aussi. Le commandant resta pétrifié, mit sa main sur sa joue, et vit le sang qui s'accumulait sur son gant. Il gémit, s'agenouilla, pleurant son visage défiguré. Van en profita pour fuir avec Hitomi, la fille qui l'avait aidé, et ils rejoignirent le Croisé. Le vaisseau lâcha les amarres, et s'éloigna du mieux qu'il put de la forteresse volante. Le commandant, toujours la main sur son visage ensanglanté, longea les débris du hangar, et s'approcha de la baie d'où le vaisseau astrien fuyait : " Sale chien, tu m'as défiguré ." Dans la coursive de commandement, le timonier Hakio jetait des coups d'oeil rapides sur toutes ses consoles pour évaluer les dégâts et faire les mises à jour.
Il informa le général Folken qu'ils ne pouvaient engager de poursuite, car le propulseur de la forteresse était hors service. Folken regarda le vaisseau astrien s'éloigner rapidement, et pensa à son frère...
_ " Mmmmm..... Ils vont donner l'alerte à Pallas, leur capitale. Nous devons absolument les prendre de vitesse, et arriver là-bas avant eux. Le Roi Aston est faible, il nous donnera raison si nous lui parlons en premier. Hakio, je veux que le propulseur soit réparé le plus vite possible, et nous ferons le reste pendant le voyage et durant l'escale à Pallas.... Si nous arrivons à temps. " Hakio acquiesça, et répéta les ordres dans les haut-parleurs, qui se répercutèrent dans toutes les coursives de la forteresse.
Gatty se vit lancer un regard noir par Dilandau, encore agenouillé sur le sol, la main sur sa joue ensanglanté. Le commandant se leva lorsque Gatty l'invita à rejoindre l'infirmerie au plus vite, puis il le dévisagea quelques secondes, et partit d'un pas hargneux vers les coursives supérieurs. Gatty resta un long moment, immobile, le regard droit vers la baie. Il se sentit coupable d'avoir vu son commandant ainsi balafré, dans un moment d'égarement et de haine envers ce Van. Alors que Dilandau longeait les couloirs jonchés de soldats inconscients ou morts, il assista aux ruées de soldats, transportant des trousses et des caissons d'outils pour réparer le propulseur. Dilandau ouvrit l'infirmerie, où étaient entassés de nombreux blessés qui étaient arrivés à se relever et venir se faire soigner. Les deux infirmiers de la forteresse soignaient les blessés du mieux qu'ils pussent. Un des deux hommes le regarda tenir sa joue ensanglantée, et se dit qu'il était le moins blessé de tous. Mais tous connaissaient le caractère du commandant, et l'infirmier se dirigea vers lui. Dilandau ôta sa main, mais ses yeux clignaient de rage, ce qui inquiéta l'infirmier. Celui-ci lui appliqua un fin pansement, et se réoccupa des autres blessés qui gémissaient. Alors que Dilandau posait machinalement son doigt sur son pansement qui s'humectait de son sang, un léger grondement se fit sentir, qui se transforma en bourdonnement : le propulseur était reparti.
Folken sentit lui aussi ce vrombissement, et Hakio l'informa formellement que le propulseur fonctionnait de nouveau. La forteresse sortit lentement de la fosse à roches flottantes, et Folken ordonna à l'équipage affairé à vérifier ses consoles : " Cap sur Pallas !" Dilandau ouvrit la porte de sa chambre, tripotant son pansement, et maugréant, puis s'affala sur une chaise de parure austère. Il songeait à de ténébreuses pensées, ne sachant que faire, et surtout comment vivre avec une cicatrice qui insufflait la honte et l'humiliation sur lui. Il s'endormit sur les sons des fers à souder des ouvriers qui réparaient avec empressement les dégâts les plus urgents. Ils attendraient les fournitures astriennes pour parfaire les réparations. Le commandant se réveilla de sa torpeur et de son état pensif plusieurs heures plus tard par l'alarme stridente de la forteresse : ils étaient arrivés à destination...
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