CHAPITRE 8
" Dites, pourquoi êtes-vous si… Si…
-Méchant ?
-Non, il faudrait un terme mille fois plus fort pour vous décrire.
-Léna, Léna… Je vais te dire pourquoi… A une seule condition.
-Ah ouais ? Laquelle ?
-M'autoriserais-tu à voir tes ailes ?
-Quoi ?
-Tu vas comprendre… Tout a commencé alors que je n'étais qu'un enfant. Ma mère ne m'aimait pas beaucoup… Lorsque j'étais bébé, j'avais disparu. Mes parents avaient cru à un enlèvement mais je réapparut, un peu plus tard, par un rayon provenant de la Lune des Illusions. Hélas, le bébé que mes parents retrouvèrent était un garçon alors que leur enfant était une fille… Ma famille faisait partie du clan du dieu Dragon. J'aurais donc dû avoir des ailes… Mais je n'en possède pas. Or toi, tu viens de la Lune des Illusions et tu as des ailes. Je pense que l'on a été échangé. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles je t'ai enlevée et que je t'admire : tu t'es formidablement adaptée à ton véritable monde.
-Tout cela ne me dit pas pourquoi vous haïssez Van !
-Je le hais parce que… En fait, je n'ai pas de raisons particulières… Après tout, il ne me connaît même pas… Mais c'est le seul garçon que je connaisse qui ait des ailes…
-Alors là, je rêve. Vous êtes un pire crétin.
-Je te remercie…
-Et vous pouvez toujours rêver pour voir mes ailes !
-Quoi ?! Espèce de petite… Je ne demande pratiquement rien et tu me ris au nez ! Apprêtes à voir la mort de Van. Je le tuerai devant toi ! "
Oops. Elle avait gaffé là. Ce garçon… Léna ne le comprenait pas. Il était à la fois très calme et, tout d'un coup, une chose déplaisante et il remuait de partout. Il allait même pour la frapper ou lui couper un bras avec son épée ! Mais il se retenait : il balançait verres et bouteilles de vin, frappait les chaises pour se défouler. Un vrai fou ce type. Pourquoi personne ne venait la sauver ?
" Kio, cap vers le nord !
-Oui commandant.
-Van, tu es sûr que c'était un guymelef de Zaïbacher ?
-Oui Allen.
-Peut-être qu'il voulait enlever Hitomi et…
-Non Allen ! Maître Van, Léna se sentait espionnée depuis notre arrivée à Fanélia.
-Elle te l'avait dit ?
-Oui.
-Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
-Maître Van, je lui avais promis de ne rien dire et maintenant vous ne pouvez pas savoir à quel point je, regrette maîîître Vaaaan !
-Merle… "
Ça y est : Merle pleurait. Van n'aimait pas la voir dans cet état. Déjà, quand Léna avait dit qu'elle voulait retourner sur Terre, Merle en avait fait une maladie, toute Fanélia avait dû l'entendre crier :'' NAN, TU VAS RESTER ICI !!!''. Et maintenant qu'elle s'était fait enlever, Lolita voudrait plus que jamais rentrer chez elle une fois sauvée et alors Merle serait inconsolable pendant des mois. Il ne laisserait pas Léna partir, il la convaincrait de rester…
Van, Merle… Hitomi les regardait. Tous deux avaient une lueur dans leurs yeux… On voyait bien qu'ils étaient énormément attachés à Lolita. Même si elle connaissait Léna elle aussi, Hitomi se la représentait comme une étrangère : Lolita avait toujours jusque-là cherché à l'éviter et était beaucoup moins agréable avec elle qu'avec Van ou Merle. Elle se souvint : une fois, elle s'était réveillée un peu plus tard que d'habitude et les avait vus tous les trois ensemble. Léna lui avait semblé être une toute autre personne…
Hitomi… Allen sentait de la tristesse dans son regard. Elle avait de quoi : son mariage ruiné et Van qui semblait s'intéresser plus à Léna qu'à elle. Il regarda Mirana : elle aussi observait Hitomi. Enfin… Ils n'avaient qu'à retrouver Léna, faire payer à ce Zaïbacher ce qu'il avait fait et Hitomi retrouverait le sourire, se marierait avec Van et tout finirait bien.
Filou Garudau s'était calmé. Il s'amusait à stresser Léna. Munit d'un poignard, il le faisait glisser le long d'une bouteille de vin en faisant une sorte de moue. Crick… Criiiiiick… C'était insupportable mais Léna ne disait rien. Elle était sûre que cela faisait partie de la manipulation dont Folken lui avait parlé. Filou partit. Comme ça, sans rien dire. Il la laissa seule, attachée à sa chaise. Bien, vu qu'il la laissait seule, elle pouvait dès à présent essayer de se détacher. Il fallait faire des ronds avec ses poignets lentement, tout en douceur : elle l'avait lu dans Salem, de Stephen King. L'un des héros le faisait pour échapper aux vampires… Il ne fallait surtout pas qu'elle s'affole. Elle y arriverait…
Deux minutes étaient passées… Faire des ronds avec ses poignets… Léna n'imaginait pas que ce serait si pénible. Mais il fallait qu'elle prenne courage, qu'elle ait confiance en elle. Sur Terre, avec Anthony, elle s'était souvent entraînée à ça mais ils avaient toujours abandonné au bout de dix minutes, non seulement par fatigue mais aussi parce qu'ils étaient pris tous les deux d'un fou rire, lorsqu'ils se regardaient avec leurs cheveux hirsutes alors que la corde était toujours aussi serrée… Le temps de se remémorer les bêtises qu'elle faisait autrefois avec Anthony, dix minutes avaient bien dû s'écouler car les liens s'étaient déjà bien desserrés. Bientôt, elle pourrait s'enfuir. Elle avait tellement hâte de partir de cet horrible endroit ! Elle avait déjà réussi à dégager une main : elle était enfin libre ! Elle regarda autour d'elle : personne. Cela n'empêchait pas d'être prudente et discrète.
Le Croisé était arrivé à destination. Van trépignait d'impatience : où était-il ce Zaïbacher ?
" P'tain… J'vais lui éclater sa face pour avoir capturé Léna la veille de mon mariage… Lui péter la gueule…" C'était les pensées de Van en arrivant à Zaïbacher. Il était comme possédé par la haine, le mal le rongeait : il tuerait cet homme de ses propres mains !
Van semblait animé par une folie dévastatrice. Hitomi craignait le pire, c'était instinctif. Van se dirigeait vers Escaflowne. Oh ! Non ! Il voulait déjà aller se battre ! Elle le rattrapa.
" Arrêtes Van !
-Hitomi ?
-Restes là ! Tu ne vas pas partir maintenant !
-Si ! Je pars maintenant et je tuerai ce Zaïbacher !
-Van !!! Tu iras avec Allen !
-Non ! Déjà je voulais partir seul… Alors Allen…
-Dans ce cas je pars avec toi. Mon pouvoir te sera utile.
-D'accord mais partons vite ! "
Ils étaient partis. Hitomi avait un mauvais pressentiment. Van… Van avec… Avec Léna ! Et cet être sinistre lui apparaissant avec un sourire maléfique… Il lui faisait penser à Dilandau ! Il voulait rapprocher Van et Lolita. Les rapprocher au point de… De… Elle s'évanouit.
" Hitomi ! Hitomi, reviens à toi !
-…Van ?
-Tu as vu quelque chose ?
-Van… J'ai vu… Tu… Van !
-Hitomi…
-Tu étais avec Léna…
-Et alors ?
-Alors tu… Tu…
-Je crois que j'ai compris…
-Tu crois ?
-Comme avec toi…
-Oui Van… A cause de ce Zaïbacher.
-A cause du Zaïbacher ?
-Je crois… Il vous manipule…
-Hitomi, il n'arrivera jamais à nous séparer ! Je te fais une promesse… Et puis la seule personne que j'aime, c'est toi Hitomi.
-Van… Méfies-toi quand même : j'ai vu de mauvaises choses. "
Non ! Décidément, il fallait plus que la manipulation pour séparer ces deux-là ! Filou était vert. Il pensait avoir franchi le cap de l'apprenti sorcier, qu'il était devenu un expert mais c'était sans compter sur les imprévus. C'était évident : il n'avait étudié jusque là que les théories et les théories n'était, justement, que des théories. La réalité était bien différente… Mais tout cela n'était pas grave… Sa tâche, même s'il ne l'avait pas réussi, était accomplie. Dès à présent, il ne verrait plus le spectre de cet ignoble Dornkirk et il pourrait enfin faire ce qu'il voulait…
Léna s'était perdue. Elle avait tenté de s'échapper mais en fin de compte, cet endroit était un véritable labyrinthe… Elle ne s'en sortirait jamais seule. Soudain, des soldats la bousculèrent, se précipitant tous vers ce qui pouvait être une sortie. Elle se résolut à les suivre. Cette poursuite la mena à un immense garage hébergeant des milliers de guymelefs identiques à celui de Filou. Il n'y en avait pas moins de cinq mille. Ce garage était ouvert. Quelle chance ! Elle s'élançait vers cette grande sortie qui s'offrait à elle lorsqu'elle fut retenue par…
" Je savais que tu trouverais la sortie.
Filou !
-Si vous saviez que je la trouverais, pourquoi m'avoir laissée seule ?
-Parce que…
-Un guymelef ! Il nous attaque attention ! "
Léna n'entendit pas la réponse de Filou. Van était arrivé, avec Escaflowne. Il n'était pas seul : Hitomi l'accompagnait. Celle-ci s'élança vers elle, la prit par le bras et l'entraîna vers Escaflowne.
" Léna ! Dépêches-toi, vite !
-Attends…
-Hitomi, Léna ! Montez ! Dépêchez-vous ! Dépêchez-vous !
-Van ! A toi l'honneur Lolita.
-Mais attends Hitomi !
-Attendre ? "
Van croyait avoir mal entendu. Attendre ? Mais pourquoi Léna voulait-elle donc attendre ? Que se passait-il ? S'était-elle ''prise de passion'' pour ce Zaïbacher ? Non, c'était impossible. Il lui prit le bras et l'obligea à monter. Elle était devenue folle ou quoi ?
Ils étaient partis. Léna regarda derrière elle : Filou était encore à la porte du garage, les regardant s'éloigner… Elle avait l'impression qu'elle avait laissé quelque chose là-bas. Mais pourtant… Elle n'avait rien eu de spécial sur elle lors de son enlèvement. Elle regarda le ciel : elle n'avait plus envie de retourner sur Terre. Le monde lui paraissait fictif… Elle avait voulu retourner sur Terre dans son propre intérêt mais elle avait réalisé qu'il serait mieux qu'elle restât sur Gaia. Elle s'appuya sur Hitomi et s'endormit.
Où était-elle ? Lolita l'ignorait. Dans son rêve sûrement. Elle voyait un garçon mais ne distinguait pas son visage. Tout était noir autour d'elle et ce garçon lui paraissait si mystérieux ! Elle avait envie de le rejoindre, de partir avec lui. Elle s'avança prudemment mais néanmoins d'un pas sûr vers l'inconnu. Soudain, l'endroit où elle se trouvait se baigna de lumière mais le visage du jeune homme restait toujours dans l'ombre. Il lui tendit une main. Elle la prit. Maintenant, elle reconnaissait ce garçon si séduisant, qui lui souriait. C'était…
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